Un moulin, des femmes et des hommes

Un moulin, des femmes et des hommes

C’est une équipe de quatre à cinq personnes qui fait tourner l’entreprise : le meunier, son frère ou son fils, l ’épouse du meunier, le farinier et le chauffeur-livreur. Le meunier gère l’entreprise, rend visite à ses clients, est en relation avec ses fournisseurs. Son épouse tient la comptabilité du moulin, prend les commandes des clients, teste la farine… Le farinier a la garde du moulin, il surveille son bon fonctionnement, prête une oreille attentive à tout bruit suspect pour prévenir « un engorgement » et entretient le matériel. Le chauffeur-livreur, quant à lui, livre la farine aux boulangers et les issues (son, recoupes) aux entreprises de fabrication d’aliments du bétail. La farine a pendant longtemps été livrée en sacs de 100 kg qu’il fallait monter à dos d’homme dans le grenier du boulanger en empruntant une échelle en bois.

Le moulin de la Petite Bavouze a une clientèle locale : des boulangers dans un rayon d’une centaine de kilomètres, mais également des agriculteurs qui apportent de l’orge pour la faire transformer en farine d’orge ou en orge aplatie pour nourrir leurs animaux.


Marcel Gasnier, né le 9 octobre 1931 – J’ai été farinier au moulin de la Petite Bavouze d’octobre 1954 à octobre 1957. Ensuite, j’ai voulu faire une carrière militaire, et puis, la farine ne me convenait pas. Je garde néanmoins un très bon souvenir de ce passage au moulin. Ma mémoire est intacte. J’entends encore le bruit des meules qui servaient à produire de la farine d’orge et celui du moteur diesel qui entraînait le moulin pendant les écourues. A cette époque, le camion livrait de la farine chez les boulangers et revenait avec 40 quintaux de blé en sacs de 100 kg que l’on déchargeait du camion à dos d’homme pour les stocker sur 3 hauteurs au rez-de-chaussée du moulin sous l’escalier qui mène au 1 er étage. J’ai fait, après avoir quitté le moulin, une longue carrière dans l’armée et notamment la gendarmerie (Berlin Ouest, Niger, Sénégal, Cameroun, gendarmerie à Ancenis…)

Marcel Journeault, né le 18 février 1932 – J’ai été farinier au moulin de la Petite Bavouze du 1er février 1973 au 1er mars 1992, date à laquelle, je suis parti à la retraite. Auparavant, j’exerçais le même métier au moulin de Mirwault à Bazouges depuis l’année 1958. En tant que farinier, j’avais la garde du moulin, j’assurais son entretien et surveillais son bon fonctionnement. J’ai gravé la date de mon arrivée – 1er février 1973 – sur une pierre en tuffeau de la porte-fenêtre côté Ménil.

Bernard Bigot, né le 11 septembre 1940 – J’ai été chauffeur-livreur au moulin de la Petite Bavouze. Je suis entré au moulin en septembre 1977 et j’y suis resté jusqu’à ma retraite fin septembre 2000. J’y ai trouvé une ambiance familiale. J’ai livré tous les clients du moulin, en sacs de 50 kg qu’il fallait monter dans le grenier du boulanger. A partir de 1997, les livraisons se faisaient en vrac, c’était plus cool. Je garde un bon souvenir de ce métier qui était physique, cela me convenait bien parce que je ne faisais pas de sport.

Thérèse et Eugène Pineau, sont des figures de la petite Bavouze. Eugène a travaillé au moulin en tant que chauffeur-livreur dans les années 50. Thérèse était quant à elle éclusière. Elle était très attachée au fleurissement de son écluse et nombreux sont ceux qui se souviennent de sa buvette et plus tard du restaurant qu’elle avait installé près de la maison éclusière avec sa spécialité, le canard à l’orange, qu’elle servait le dimanche midi. Il fallait réserver pour être sûr de pouvoir déjeuner chez Thérèse.

Annick Daine, née le 16 janvier 1941 - J’ai travaillé au moulin de la Petite Bavouze pendant près de 4 mois en 1956, à l’âge de 15 ans et demi.J’habitais à cette époque à Ménil chez mon oncle et ma tante, Eugène et Thérèse Pineau, et je ne voulais plus être complètement à leur charge. On m’avait proposé ce travail qui consistait à repriser les sacs en toile de jute sur la grosse machine à coudre qui était située au 3e étage du moulin. Étant une grande rêveuse, mon regard se laissait volontiers emporter par la beauté de la rivière. Lorsqu’on est à l’étage du moulin, on voit cette rivière qui est magnifique. Après mon passage à la Petite Bavouze, j’ai trouvé un travail à Angers comme employée de maison. Encore aujourd’hui, je suis charmée par la beauté de la Mayenne à Ménil.

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